Trois poèmes : Mon tant aimé Connais-toi toi-même Te semper amabo.
Trois poèmes : Mon tant aimé Connais-toi toi-même Te semper amabo.
Trois poèmes : Mon tant aimé Connais-toi toi-même Te semper amabo.
Trois poèmes : Mon tant aimé Connais-toi toi-même Te semper amabo.
Poésie.
Poésie.
Poèmes.
Poèmes.
Extrait de la bande originale du film Le miracle de Candeal, de Fernando Trueba (2004) A Salvador de Bahia, une ville brésilienne où la musique et les tradit...
Extrait de la bande originale du film Le miracle de Candeal, de Fernando Trueba (2004) A Salvador de Bahia, une ville brésilienne où la musique et les tradit...
Le premier concert de Louistiti.
Le premier concert de Louistiti.
Dans une rue d'Herat, il y avait, discret,
Un écriteau de fer : "Aux aiguilles d'or",
Dessous : "Cours de couture", et l'endroit abritait,
Contre les taliban, de sublimes trésors.
Nadia, dans son panier, sous un coussin d'aiguilles,
Pliait avec grand soin les carrés de coton,
Comme pour attester l'application tranquille
Des femmes afghanes. En cachant sa passion
Sous une bâche noire, avec quelques amies,
Nadia se réfugiait dans la pièce à ouvrage,
Loin des soldats sans nom aux regards ennemis,
Pour broder à l'envi des entrelacs fort sages.
Sous le tissu complice il y avait des livres,
Des poèmes bannis, des trésors de culture,
Strictement interdits, des textes qui enivrent.
Nadia s'en nourrissait, au salon de couture.
Son talent inspira un recueil clandestin
A la jeune beauté couverte de silence.
Nadia n'eut pas le temps de tenir dans ses mains
Son œuvre reliée, ni le bonheur intense,
Offert au grand soleil, d'avoir poli la pierre
Au temple du savoir. Son mariage conclu
Avec un professeur aussitôt lui fit taire
L'envie de liberté qu'elle avait entrevue
Dans les livres cachés au fond de son panier.
A-t-elle un jour parlé de son divin secret
A son mari sournois, pétri de vanité ?
Fut-il terrorisé par son talent ? Qui sait ?
Par un jour de novembre, il la battit à mort.
On retira les plaintes afin que l'assassin
Ne passât en prison qu'un mois. Le pauvre corps
Sans vie de Nadia fut arraché aux siens,
A la petite fille aux yeux noirs de chagrin
Qui ne reverrait plus sa mère décédée
A vingt-cinq ans à peine, c'est certain,
D'un suicide officiel, à l'âme dévoyée...
Le professeur depuis eut une promotion,
A la bibliothèque de l'université
D'Herat. Bien entendu, il clama sans façon
Que les vers de Nadia étaient politisés
A cause de l'emprise, alors, des taliban...
De l'asservissement où les femmes se meurent
Il ne dit pas un mot, en ardant pratiquant,
Habile à se placer en victime des mœurs...
Des six femmes cachées qui lisaient les poètes,
Quatre vivent encor', marquées à tout jamais
Par la mort de Nadia. La liberté qu'on prête
A la poésie saigne et survit, désormais,
Par la Fleur rouge sombre,aux vers désespérés,
Qu'elle nous a laissée, ultime testament
De Nadia Ajuman. La terre a accouché
De monstruosité. Pauvre pays afghan.
À Nadia Ajuman
auteur de Gul-e dodi, Fleur rouge sombre (2004)
battue à mort en novembre 2005,
par son mari,
à Herat, dans l'ouest afghan.
©M.KISSINE
D'où vient le besoin,
Quand tout est fini,
De croire plus loin
Que renaît la vie ?
Quand le temps, fébrile,
A brûlé le jour,
La nuit immobile
Etend son velours
Aux paupières closes
Des fleurs endormies,
Il n'y a, morose,
Que l'eau, dans son lit,
Qui coule sans bruit,
Au creux des vallées
Jusqu'à l'infini
Des vagues salées.
Par quelle alchimie
Y a-t-il encor,
Dans les corps meurtris,
Un bonheur qui dort ?
Est-ce dans le sel
Qui emplit la mer,
Quelque don du ciel
Chargé de mystère,
Que la vie retient
Le fil de soie bleue
Qui suit un chemin
Caché à ses yeux ?
Qui donne au hasard
Des noms inconnus
Inventant, le soir,
D'étranges vertus
Au disque d'opale
Serti de diamants,
Miroir blond et pâle
Des regards d'enfants ?
Quel souffle inspiré
Venu de la lune
Unit les marées
Aux vents et aux brumes ?
Qui retourne enfin,
D'un geste discret,
Le sablier plein
De rêves défaits ?
Les poissons d'argent
Glissent pour frayer,
Comme les instants
De l'éternité.
M.KISSINE
ISBN 978-2-9534456-4-0
8.50 € hors frais de port.
Nouvelles.
Extrait :
La boîte d'allumettes saute, bien vite, du tiroir du buffet de la cuisine à la poche de Jeanne, parce qu'il fait beau, sans doute. Elle
souhaite voir le monde du dehors.
C'est une petite boîte autonome, qui s'ennuie avec les autres, au milieu des couteaux et des cuillères en bois.
Il fait si beau ce jeudi que les enfants se groupent derrière le vieux puits dont le grand balancier veut bien faire quelques allers et retours pour faire jaillir l'eau de sa grande bouche
ouverte. Un coup d'oeil alentour, la voie est libre...
Les mots sur le sable, promesses éternelles
Des amoureux émus se tenant par la main,
Couchés au bord du monde, protégés par le Ciel,
Craignent les vagues bleues coulant sous les embruns
Qui prennent les toujours de tous les mots d'amour,
Et si loin les emportent qu'ils ne reviendront plus,
Ni les baisers volés aux lèvres de velours
Que, sans fin, ils buvaient, sans en être repus.
Tous ces désirs écrits aux courbes d'océan
Ont fait avec la mer une alchimie secrète
Qui les a transformés en sel, étonnamment...
Depuis, on ignore comment la vie s'est faite.
Les amours sur la plage, emportées par les flots
Sont devenues, muets, ces cristaux blancs et purs.
Le saviez-vous, le sel, mêlé au cœur de l'eau,
N'est que l'éternité des serments disparus.