Non je ne viendrai plus faire rimailleries
Chez ces faux-culs qui remplacent les mots
Avec un grand sourire, et je les remercie
D'avoir entre les lignes estourbi mon ego
J'en serai, c'est certain, plus riche désormais.
Le poème était drôle, on peut rire de tout.
La censure l'est moins, qui choisit les sujets
Ou supprime des termes qui offensent son goût.
Là où "pénis" rimait avec les "immondices",
On a mis une tige au sens métaphorique
Il eût fallu changer les choses en "vertiges",
En "prodige", même, pour rester euphorique.
Quel indigne labeur que celui du censeur !
Et que les bonnes gens lui doivent de quiétude !
Où passent les ciseaux, la Liberté se meurt.
Que l'esprit interdit s'enfuie en altitude.
©M.KISSINE
La censure - 2
Elle commence par soustraire
Un mot trop vrai dans un discours,
Un autre, trivial et vulgaire
Dans un poème plein d'humour.
Les élus et les dictateurs
Usent des mêmes stratagèmes,
Les religieux et les rhéteurs
Obligent l'esprit au carême
Pour ne point offenser les yeux,
La chasteté du créateur...
Il faut être bien obséquieux,
Cacher le feu de son ardeur,
Enrober la laïcité
D'un voile prude et salutaire,
Avant de la décapiter.
C'est la méthode des faux-frères...
Mettre à l'index les insolents,
Les poètes, les libres penseurs,
Prépare un monde obéissant
De moutons, de prédicateurs
Alignés à côté des falaises.
Ça commence avec un seul mot
Puis ça purifie par les braises
Ceux qui ne sont pas au cachot.
©M.KISSINE
